La Communauté Catholique de Samos, avant la création de « l’Union des Coopératives Vinicoles de Samos » et la vinification et la commercialisation (alors forcées) du produit à travers elle, avait le rôle de fournisseur et de distributeur de vin doux pour les besoins de la communauté catholique. Église en Italie, en Afrique et ailleurs.

Les souvenirs des anciens habitants de Samos sont encore vivants ainsi que ceux des prêtres catholiques des sous-sols de « l’Église catholique » sur la route côtière de Samos.

Ils étaient remplis de cuves à vin samiennes ainsi que de tonneaux en bois surdimensionnés, chacun portant les « armoiries » des cardinaux.

Selon le témoignage de la dernière abbesse de l’Ordre de Saint-Joseph à Samos, sœur de Michelina, lors du bombardement de la capitale pendant la Seconde Guerre mondiale par les Allemands, le vin du sous-sol de l’église coulait dans le port, changeant même la couleur de la mer !

Le muscat de Samian approvisionne encore les missions catholiques dans divers pays, bien que nettement en quantités moindres.

La culture de la vigne a été, pour les habitants de Samos, pendant de nombreux siècles le principal soutien de l’économie domestique. Aujourd’hui encore, la vigne productive et fructueuse donne de nombreux produits importants : de ses raisins, moûts, vin, ouzo et tsipouro. (appelé en dialecte samien « summa ») ainsi que du vinaigre sont successivement produits. Les raisins de muscat sont également comestibles et, dans le passé, ils étaient également transformés en raisins secs.

Les confiseries sont fabriquées à partir de musto (mustalevria, mustokoulura, mustokydon, petimezi, etc.).

Les feuilles de vigne sont fourrées de riz et d’herbes (appelées « japrakia » en dialecte samien) et consommées à la table familiale.

Les pousses bouillies sont un excellent « meze ».

Les sarments de la vigne samienne servent de combustible, alors qu’on en faisait aussi autrefois des « charbons » pour l’encens de la liturgie divine.

Le raisin est un fourrage recherché, mais aussi une matière première pour la production de spiritueux.

Jusqu’au siècle dernier, chaque famille se nourrissait de la vigne et profitait de tout, dans une forme d’économie domestique « appliquée ». Il était communément admis, même au fil des générations, que le vignoble était le bien le plus nécessaire à chaque « propriétaire ».

La famille comptait sur le vin qu’elle produisait. Le musto s’est mis d’accord avec un commerçant, avant la création de la Coopérative, et l’a vendu. Les marchands étaient principalement des courtiers d’exportateurs, qui tenaient également un magasin « domestique et colonial » dans lequel le producteur se procurait le nécessaire à l’entretien de son ménage en maintenant un crédit annuel, remboursé par la production. Souvent, si les conditions climatiques n’étaient pas favorables ou si « la maladie tombait », la dette était reportée à l’année suivante. Le marchand aggravait la dette avec les intérêts, et le danger que « la vigne tombe au marteau » était toujours présent.

Depuis des siècles, Samos produit du vin samien de qualité pour la Sainte Assomption, approvisionnant la plupart des métropoles du pays et de l’étranger. Dans les archives de la Coopérative se trouvent des lettres contenant des critiques élogieuses des primats de l’Église orthodoxe.

Mais outre la production de vin, la tradition religieuse et la foi orthodoxes sont fermentées avec la culture même du Moscato à Samos.

Le moment du début des travaux de culture, les étapes du processus de maturation ainsi que les rites dans le vignoble sont dans de nombreux cas directement liés à la tradition religieuse et à la foi.

Il est caractéristique que, encore aujourd’hui, la fête de Saint Tryphon (1er février), patron des vignes et des vignerons, soit également considérée comme le jour d’ouverture de la taille dans tout Samos. Saint Tryphon est honoré comme le protecteur des champs et des vignes, qui repousse les insectes et les souris qui endommagent les récoltes. C’est pourquoi son illustration le représente avec un outil viticole (sécateur ou « tracha ») à la main. Après la liturgie divine, on lit l’exorcisme relatif du saint, à travers lequel les insectes et les animaux nuisibles sont évités.